11 août 2022

Le NPD propose une motion pour un ensemble de mesures incitatives en matière de recrutement et rétention en soins de santé, qui puisse servir de standard national

QUEEN’S PARK – L’opposition officielle formée par le NPD présente devant l’Assemblée législative un plan qui donnera aux travailleurs actuels et futurs œuvrant dans le domaine des soins de santé de l’Ontario des augmentations de salaire, du respect, et des incitatifs égaux ou meilleurs à ce qui est offert par d’autres provinces.

« Notre système de soins de santé est déjà à genoux, et les travailleurs en soins de santé qui nous restent croulent sous les tâches, se sentent traités de manière irrespectueuse et quittent la profession en nombres de plus en plus grands chaque semaine », a déploré le chef par intérim du NPD, M. Peter Tabuns.

M. Tabuns, la porte-parole du NPD en matière de Santé, Mme France Gélinas, ainsi que la présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO), Mme Cathryn Hoy, IA, se sont exprimés ensemble ce jeudi, soulignant le besoin de faire adopter cette motion.

« La pénurie d’infirmières de l’Ontario est pire qu’elle ne l’a été pendant des décennies. Que quiconque au gouvernement nie que nous traversons une crise est une insulte aux infirmières de première ligne et aux professionnels de la santé qui tirent le signal d’alarme », a dit Cathryn Hoy, IA et présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario. « Il est temps que ce gouvernement écoute les infirmières et agisse de toute urgence pour restaurer nos effectifs en soins de santé. Il n’y a aucune excuse à ne pas prendre toutes les mesures possibles pour recruter et retenir des infirmières et mettre fin à cette crise afin que chaque personne en Ontario puisse avoir accès au système de soins de santé quand elle en a besoin. »

L’Ontario dispose du taux le plus bas d’infirmières par nombre d’habitants, à savoir de 665 infirmières autorisées par 100 000 personnes. L’Ontario dispose aussi du plus petit nombre de lits d’hôpital par nombre d’habitants de tous les pays de l’OCDE.

« Je ne peux rien imaginer de plus effrayant que d’aller en toute vitesse aux urgences pour y trouver les portes fermées. Les patients gisent carrément au sol dans des urgences bondées, parce qu’il n’y a nul autre endroit pour attendre », a dit la porte-parole du NPD en matière de Santé, France Gélinas. « Il nous faut renverser la vapeur — avec des augmentations de salaire, avec du respect, et avec des incitatifs pour les travailleurs de la santé actuels et futurs. Au lieu de nous départir de ces travailleurs lorsqu’ils prennent la route d’autres provinces, ou alors le chemin du secteur privé, appuyons-les en faisant preuve de respect et d’appréciation à leur égard. »

Les infirmières et le personnel de la santé font régulièrement état de cas d’épuisement professionnel — en moyenne, les heures supplémentaires pour les infirmières de l’Ontario ont augmenté de 137 % entre mai 2019 et mai 2020. Les travailleurs de la santé signalent que la loi du plafonnement salarial mise en place par Doug Ford, à savoir la loi 124, est un facteur significatif dans l’exode du personnel de la santé.

Selon Statistique Canada, il y a un manque à gagner de 5 400 travailleurs en santé et services sociaux, rien que par rapport à l’année dernière, et l’AIIO signale que l’Ontario a besoin d’environ 30 000 infirmières de plus.

Plus de 24 communautés ont subi des fermetures de services et de centres de soins d’urgence, ou des horaires réduits — parmi ces communautés figurent Red Lake, Perth, Clinton, Listowel, Seaforth, Wingham, Brampton, Ottawa et Kingston. D’autres hôpitaux, de Toronto à Hearst, sont à risque.

Le NPD tâchera de faire adopter la motion par l’Assemblée législative tout de suite, comme motion d’urgence — exigeant une unanimité de voix. Si cette méthode échouait, le NPD forcerait la tenue d’un vote final sur la motion lors du premier jour de l’opposition.

Fiche d’information

Le NPD proposera la motion suivante :

Considérant que les postes vacants ont plus que quadruplé depuis 2015, ayant actuellement dépassé le 45 000, avec un pourcentage record de 8,84 % de postes vacants dans les hôpitaux au mois de mars 2022, alors que l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario signale que plus de 15 000 infirmières et infirmiers de l’Ontario disposant du droit d’exercer leur profession ne l’exercent pas ; et

Considérant que les travailleurs de la santé sont surmenés, sous-payés, sujets aux violences, et affligés par l’incapacité où ils se trouvent de fournir les soins dont les patients ont besoin, en raison des conditions de travail pénibles et du nombre inadéquat des effectifs ; et

Considérant que la recherche menée par le Bureau de la responsabilité financière a dévoilé un besoin urgent de former et d’embaucher des dizaines de milliers d’infirmières et de PSSP de plus afin d’atteindre les cibles pour l’année 2024-2025 établis par le gouvernement lui-même en matière de soins directs ; et

Considérant que le bonus inadéquat de 5 000 $ fourni par la province aux infirmières a introduit un changement temporaire qui prend fin au mois de septembre et qui est loin de résoudre un problème de longue date, laissant pour compte des centaines de milliers d’autres travailleurs de la santé ; et

Considérant que le gouvernement a agi de manière unilatérale, souvent sans consulter les travailleurs des soins de santé en matière de questions de personnel, et que les infirmières et les travailleurs de la santé ont été empêchés par ce gouvernement d’exercer leur droit à la libre négociation collective, voyant leurs maigres revenus chuter loin en dessous du taux d’inflation ; et

Considérant que, face à cette indifférence, les preuves montrent que les travailleurs de la santé quittent la profession, vont l’exercer dans d’autres provinces, ou vont travailler pour des agences de santé privées qui, avec l’approbation tacite de ce gouvernement, imposent aux hôpitaux des tarifs beaucoup plus élevés ; et

Considérant que ce gouvernement a échoué à développer un plan exhaustif en matière de personnel des soins de santé préconisant la formation, le recrutement et la retenue d’un nombre suffisant de travailleurs de la santé ; et

Considérant que, en raison de l’inflation, le revenu du gouvernement était supérieur, à hauteur de 20 milliards de dollars, à celui prévu par ce gouvernement en 2021-2022, mais que le gouvernement a néanmoins échoué à dépenser 1,22 milliards de dollars de son budget prévu pour les hôpitaux en 2021-2022 ; et

Considérant que l’abrogation de la Loi visant à mettre en œuvre des mesures de modération concernant la rémunération dans le secteur public de l’Ontario (2019) — ci-devant loi 124 — et que permettre aux travailleurs de la santé de négocier librement un salaire juste aiderait à résoudre la crise du personnel en santé du gouvernement ; et

Considérant que le Québec offre aux travailleurs de la santé des paies de recrutement et rétention allant jusqu’à 18 000 $, des bourses allant jusqu’à 20 000 $, de meilleures conditions de travail, et qu’il dépensera 3,8 milliards de dollars supplémentaires en efforts de recrutement et rétention;

L’Assemblée législative demande au gouvernement Ford de travailler avec les syndicats pour mettre en place un ensemble de mesures incitatives en matière de recrutement et rétention des travailleurs de la santé qui améliore les conditions de travail dans le secteur de la santé et qui comprenne des incitatifs pour recruter, retenir et assurer le retour au travail de travailleurs syndiqués à temps plein du secteur public, qui offre des augmentations de salaire permanentes aux travailleurs de la santé, qui abroge tout de suite la loi 124 et qui rétablisse le droit des travailleurs de négocier en vue de salaires qui reflètent l’impact significatif de l’inflation montante, et qui s’assure que le plan de l’Ontario en matière de recrutement et rétention des travailleurs en soins de santé offre des incitatifs égaux ou supérieurs à ceux offerts par d’autres provinces du Canada.