8 mars 2021

Le député NPD Guy Bourgouin demande la proclamation du Jour de la bataille des épingles à chapeau, pour honorer les femmes franco-ontariennes

QUEEN’S PARK – En cette Journée internationale des femmes, le porte-parole du NPD en matière d’Affaires francophones, le député Guy Bourgouin, a demandé que soit proclamé le Jour de la bataille des épingles à chapeau, afin d’honorer les femmes franco-ontariennes qui ont lutté pour le droit à l’éducation en français.

« Les femmes franco-ontariennes ont été en première ligne du combat pour la défense des droits francophones en cette province. Lors de la bataille des épingles à chapeau, le 7 janvier 1916, les parents, notamment des mères, ont utilisé des objets usuels, à portée de main, dont des épingles à chapeau, pour protéger les professeures en voie de se faire arrêter simplement pour avoir enseigné en français à leurs enfants », a rappelé M. Bourgouin.

« Telle était la réalité lorsque le gouvernement provincial a injustement restreint les droits à l’éducation en français en Ontario, au moyen du tristement célèbre règlement 17. En cette Journée internationale des femmes, nous demandons à ce gouvernement d’honorer la bravoure et la vaillance des Franco-Ontariennes qui ont su défendre les droits de tous les francophones de l’Ontario. »

Ce lundi, lors d’une conférence de presse virtuelle, M. Bourgouin a été joint par Mme Anne-Vinet Roy, présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), par Mme Michèle Minor-Corriveau, professeure agrégée à l’Université Laurentienne, et par Mme France Gélinas, députée néo-démocrate de Nickel Belt.

Le projet de loi présenté par M. Bourgouin proclamera le 7 janvier de chaque année Jour de la bataille des épingles à chapeau. Ce jour-là, en 1916, les femmes d’Ottawa ont recouru à des objets usuels, tels que des épingles à chapeaux, afin d’empêcher l’arrestation de deux sœurs, Béatrice et Diane Desloges, pour avoir enseigné en français à l’École Guigues de ladite ville. Cette bataille représente une partie intégrante de la résistance culturelle qui a mené au rétablissement officiel de l’éducation bilingue en 1927, et à des excuses de la part du gouvernement ontarien un siècle plus tard.

La bataille n’est pas finie, a déclaré M. Bourgouin, présentant ensuite plusieurs solutions pour améliorer les services de langue française en Ontario. Les coupures imposées par le gouvernement Ford en novembre 2018 ont mené à l’abolition de l’organisme indépendant qu’était le Commissariat aux services en français, à l’annulation du financement provincial pour l’Université de l’Ontario français, et aujourd’hui menacent la survie des programmes en langue française de l’Université Laurentienne.

« Nous devons continuer la lutte pour les droits francophones en Ontario. Et nous rappeler que cette lutte a commencé avec la bataille des épingles à chapeau », a dit Guy Bourgouin. « Nous devons continuer de nous battre pour nos droits linguistiques et pour le patrimoine des Franco-Ontarien·nes. »

Les solutions proposées par M. Bourgouin comprennent les éléments suivants :

  • Réclamer que le gouvernement offre des appuis adéquats pour permettre aux bureaux de santé publique de fournir des informations et des services dans les deux langues officielles ;
  • Inclure des accents, des cédilles et la préférence linguistique sur les cartes de santé, ces caractéristiques y étant actuellement absentes ;
  • Créer, à l’échelle de la province, un système centralisé d’inscription des noms, qui permette aux résident·es de l’Ontario de choisir leur prénom légal préféré sur les cartes d’identité délivrées par la province ;
  • Rendre obligatoire la traduction des règlements relevant de la Loi sur l’Ombudsman après la décision du gouvernement Ford de transférer au Bureau de l’Ombudsman les responsabilités du Commissariat aux services en français.

Citations :

« Le projet de loi du député néo-démocrate Guy Bourgouin met en lumière le courage, la détermination et la valeur de deux femmes franco-ontariennes, Diane et Béatrice Desloges, qui, en refusant de se plier au Règlement 17, ont tracé la voie pour des milliers d'enseignantes et d'enseignants, contribuant ainsi à la sauvegarde de notre chère langue française. » - Mme Anne Vinet-Roy, présidente, l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO)

« Le Règlement 17 a rendu possible une insécurisation statutaire de la langue française, qui est le résultat d'une langue qui n'a pas connu la valorisation sociopolitique de la langue de la majorité. Cela a été une énorme perte pour la francophonie et nous en ressentons les séquelles même à ce jour. Aujourd'hui, à peu près partout nous observons une insécurité linguistique formelle et identitaire, qu'on en soit conscients ou pas, lorsqu'on évite de parler français, ou que l'on se sente plus à l'aise dans une autre langue, malgré le fait que le français soit la langue maternelle » - Michèle Minor Corriveau, professeure, Université Laurentienne

« La bataille des épingles à chapeau lors du Règlement 17 s’inscrit dans la longue histoire de luttes qu’ont dû mener les francophones de partout au pays pour défendre leur droit à l’éducation en français. Le geste posé par ces femmes nous rappelle que le maintien, le développement et l’épanouissement du fait français au Canada ne sont jamais acquis. Bien au contraire, l’obtention du droit à l’enseignement en français au Canada, loin d’être de la charité, a été gagnée à la suite des nombreux conflits auxquels ont participé des gens bien ordinaires et parce que ceux-ci ont cru nécessaire de préserver ce patrimoine pour les générations futures. » - Serge Miville, Chaire de recherche en histoire de l'Ontario français et professeur au département d’histoire, Université Laurentienne

« J’aimerais remercier le député de Mushkegowuk-Baie-James, Guy Bourgouin, pour le dépôt de ce projet de loi privé qui contribuera à préserver l’héritage reçu des générations passées et qui la transmettra aux prochaines. Des luttes acharnées contre le Règlement XVII à sa célèbre et légendaire bataille des épingles à chapeaux, aux crises scolaires de Sturgeon Falls, Cornwall, Windsor et Penetanguishene, l’histoire de notre communauté s’est forgée en partie sur la résistance et la résilience. Il est important de se rappeler et de se souvenir de ces moments marquants de notre histoire. J’encourage tous les parlementaires à voter en sa faveur. C’est une autre reconnaissance importante de notre riche passé qui continue, aujourd’hui encore, de nous inspirer. » - M Carol Jolin, président, Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO)

Lien vidéo de la conférence de presse : https://www.facebook.com/watch/?v=1303629956674766